Une tradition primale
Le cinéma français est marqué au fer rouge du fantastique dès sa naissance, hanté par une double gestation qui enfantera deux traditions, réaliste et onirique, incarnées d’un côté par les frères Lumière et de l’autre par Georges Méliès. Méliès, l’enchanteur, cristallise les fondations d’un art de l’imaginaire et des effets spéciaux, suivi par de grands maîtres comme Louis Feuillade (les serials Fantomas), Albert Capellani (Pied de mouton), Jean Cocteau (La Belle et la Bête), Claude Autant-Lara (Sylvie et les fantômes), Marcel L’Herbier (La Nuit fantastique), Alfred Machin (Le Manoir de la peur), Christian-Jaque (Coïncidences), Jean Renoir (Le Testament du Docteur Cordelier), George Franju (Les Yeux sans visage), Agnès Varda (Les Créatures), devenant dans les années 1970 le terrain de jeu de quelques cinéastes s’essayant au genre comme Louis Malle (Black Moon) ou Claude Chabrol (Alice ou la dernière fugue), mais aussi d’expérimentateurs des marges fascinés par le mythe de la femme-vampire comme Jean Rollin (Le Frisson des vampires) ou Harry Kümel (Les Lèvres rouges)… Pour autant l’idée d’un cinéma fantastique français ne va pas de soi, longtemps éclipsée par la domination internationale du cinéma de genre anglo-saxon.