Skip to main content

Benjamin Blasco-Martinez explore l’apocalypse en BD

À l’occasion du Festival de Gérardmer, l’illustrateur et auteur de BD, Benjamin Blasco-Martinez et Philippe Pelaez exposent Noir Horizon (Glénat), une fresque de dark SF aussi visuelle que politique.

Noir Horizon à Gérardmer ?

Vous pourrez voir à Gérardmer un certain nombre de planches originales en noir et blanc des deux premiers tomes de la trilogie Noir Horizon, un space opera où six criminels sont envoyés derrière un gigantesque écran noir sur une planète hostile (Kepler 452-b), pour y chercher une nouvelle source d’énergie qui permettrait de prolonger le règne d’une dictature à l’agonie (Kadingirra).

Ce n’est pas tant que ça de la science-fiction ?

C’est ce qui rend la science-fiction intéressante et tellement essentielle ! Les messages qu’elle véhicule sont universels et intemporels. C’est ce que Philippe Pelaez, le scénariste, a voulu démontrer. Noir Horizon s’inspire du Discours de la servitude volontaire de La Boétie écrit au XVIe siècle, qui est un véritable réquisitoire contre l’absolutisme, interrogeant les rapports de domination, la légitimité de l’autorité sur la population et l’acceptation de cette soumission. Donc oui, le propos est carrément d’actualité malheureusement, et le sera toujours j’en ai bien peur…

Comment met-on en images un monde post-apocalyptique ?

Noir Horizon n’est pas à proprement parler un récit post-apo dans son ensemble. Le post-apo, on le trouve surtout sur la planète Kepler, où l’on montre les vestiges d’une ancienne civilisation, « un monde d’avant », qui a été anéantie par un cataclysme. Pour créer cela, il faut imaginer ce monde avant destruction, là est la difficulté. D’autant plus quand ce monde qu’on est censé imaginer n’a rien à voir avec l’humanité et l’histoire de sa civilisation. J’ai donc créé des ruines antiques fictives en mélangeant des inspirations mayas, égyptiennes et babyloniennes sur lesquelles la faune et la flore extraterrestres ont repris leurs droits ; une image souvent vue dans les récits post-apocalyptiques comme The Walking Dead ou The Last Of Us récemment. Je voulais quelque chose de très « lovecraftien », gigantesque, terrifiant, insondable et mystérieux pour Kepler et sa cité perdue. Pour Kadingirra c’est différent, nous sommes dans la dystopie. Il fallait imaginer un monde humain futuriste mais cauchemardesque, à la Blade Runner de Ridley Scott ou 1984 d’Orwell. Il fallait que tout soit titanesque et oppressant dans les bâtiments, les vaisseaux, les décors, à l’image de la démesure et de la folie des humains. Le choix délibéré de ne représenter aucune nature, aucun animal sauvage lorsque l’on montre Kadingirra contraste avec la planète Kepler qui, bien qu’hostile, représente l’espoir pour nos héros.

Va-t-on de l’image au scénario ou l’inverse quand on parle apocalypse ?

Je pense qu’une idée, un concept naît d’une vision. Donc d’une image oui en quelque sorte et quel que soit le genre, en fait. Mais la vision peut aussi venir d’un texte ou d’une réflexion, qui nous inspire. On ne sait pas trop où cela commence en vrai et c’est merveilleux ! Pour ce qui est de l’apocalypse, on essaye de répondre par le texte ou l’image à une question existentielle et à une peur ; « il y a eu un commencement, il y aura forcément une fin, comment cela va finir ? »

Dans quelle mesure votre approche est « cinématographique » ?

Je ne sais pas trop à vrai dire car c’est un peu inconscient en ce qui me concerne. Il est vrai que je m’inspire beaucoup du cinéma de manière générale, j’aime glisser des clins d’œil où des petites références dans mes planches mais la BD est cinématographique par elle-même. On retrouve les cadrages, la mise en scène, le rythme, les jeux de lumière, le jeu d’acteur pour les personnages. Ne manque que le son et le mouvement. D’ailleurs un film est une BD en quelque sorte, avant d’être un film ; on appelle cela un storyboard. La plupart des auteurs de BD sont amoureux du cinéma, cela je peux vous l’affirmer !

Si Noir Horizon devait être porté à l’écran : qui le réaliserait ?

Guillermo Del Toro sans hésitation. C’est celui qui cocherait toutes les cases vu ses goûts, ses influences et sa filmographie. Et en plus il aime la BD ! L’espoir fait vivre…

Top 3 des films post-apocalyptiques selon vous ?

La saga Mad Max de George Miller et Byron Kennedy. Tout est parfait dans ces films. L’humanité revenue à un état quasi primitif après une guerre nucléaire à cause des pénuries de pétrole, un western antique où les chevaux sont remplacés par des engins trafiqués, crasseux, monstrueux et surpuissants gavés de gasoil ! Un Mel Gibson fou furieux en guerrier de la route, solaire, magnétique, culte… et violent ! On peut ajouter le Fury Road qui est excellent aussi, du pur opéra !

Matrix de Lilly et Lana Wachowski. L’originalité du scénario, les références bibliques et littéraires mêlées à l’univers geek et informatique. L’idée flippante que notre monde libre n’est qu’une illusion et que nous vivons esclave dans une autre réalité sans le savoir. Des scènes d’actions ultra-stylisées, du kung fu, l’agent Smith, la BO très techno, bref un pur chef-d’œuvre (du moins pour le premier film), le côté mecha moins passionnant pour les opus suivants.

28 jours plus tard de Danny Boyle. L’ambiance de ce film est complètement dingue. Le centre-ville de Londres complètement désert après une pandémie, la solitude (temporaire) du héros, son désarroi, son incompréhension… juste mythique, inoubliable. Ajoutez à cela la nervosité de la mise en scène, des « zombies » infectés ultra-flippants assoiffés de sang qui courent partout, des militaires psychopathes, la BO et une fin heureuse pour une fois !

Close Menu