Interview

Rencontre avec Hadrien Soulez Larivière

Comment devient-on scénariste ? Quelle est la place du genre horreur-fantastiqe dans le métier ? Deux questions pour une Masterclass en compagnie de Hadrien Soulez Larivière et Ludovic Du Clary à ne rater sous aucun prétexte aujourd’hui, ce vendredi 26/01/2024, à 17h30 au Grimoire (Espace Tilleul, salle Jacques Brel).

De quoi sera-t-il question pendant la masterclass ?

Avec mon camarade Ludovic Du Clary (scénariste de Paternel qui sort le 27 mars prochain au cinéma), nous allons présenter la Cité européenne des scénaristes qui forme et sensibilise au métier de scénariste. Nous parlerons des paradoxes du métier et de l’écriture de projets fantastiques et horreur en France.

Et de l’évolution du métier ?

Oui, il attire de plus en plus et continue de se structurer. Un troisième syndicat de scénaristes vient de se créer, le SDS, qui s’ajoute à la Guilde et au SCA. Il y a encore beaucoup à faire pour protéger les auteurs et professionnaliser leurs conditions de travail.

Et côté cinéma de genre ?

Ça bouge ! Sur ces cinq dernières années, il y a eu Julia Ducournau, Coralie Fargeat, Dominique Rocher, Just Philippot, Thomas Cailley… Et tout récemment Vermines de Sébastien Vanicek. Tout ça est assez enthousiasmant.

Écrire un scénario : exercice difficile ?

Un scénario peut être une source d’immenses malentendus, le style étant minimaliste et âpre à la lecture. D’où l’importance de la relation scénariste-producteur et scénariste-réalisateur pour éviter les quiproquos.

Comment devient-on scénariste ?

Que l’on se forme tout seul ou au sein d’une école, il faut écrire beaucoup, a priori tous les jours, même si ce genre de discipline peut mettre du temps à s’installer. Se constituer un réseau et trouver du boulot peut prendre deux ans, trois ans, cinq ans ! C’est long. Mais on y arrive.

Quels sont les ingrédients indispensables selon vous pour faire ce métier ?

Être capable de rester seul concentré face à son ordi pendant des heures, des jours, des mois. Mais aussi d’être capable de travailler en groupe, de collaborer au sens profond du terme. Aucun film, aucune série n’est l’œuvre d’un seul homme ou d’une seule femme. Si vous voulez tout maîtriser, écrivez des romans.

D’ailleurs est-ce un métier ?

Être un artiste au sens de construire une œuvre et affiner son style, ça, c’est très long et ça rapporte rarement. Mais être un artisan qui construit des histoires, structure, approfondit, dramatise, dialogue, ça, c’est un métier qui peut rapporter de l’argent.

Un conseil à donner aux jeunes aspirants scénaristes ?

Ne restez pas seul, allez dans les associations de scénaristes, rencontrez du monde. Sinon, je conseille souvent de voir « Adaptation » écrit par Charlie Kaufman et réalisé par Spike Jonze qui illustre parfaitement ce que j’ai dit plus haut, le côté artiste et artisan, et leur relation, disons, tumultueuse…

La meilleure adaptation de roman fantastique ?

Qui respecte le plus l’œuvre d’origine : Entretien avec un vampire de Neil Jordan adapté du roman d’Anne Rice. Qui s’approprie complètement un mythe pour l’intégrer à son univers, je citerais Phantom of the Paradise de Brian de Palma adapté du Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux. Dernièrement, j’ai beaucoup apprécié The Haunting of Bly Manor de Mike Flanagan, encore et toujours adapté du Tour d’écrou d’Henry James qui a inspiré tellement de films.

Le livre inadaptable, selon vous ?

Plus le style est présent dans un livre, plus il est inadaptable. Alfred Hitchcock refusait d’adapter les grands chefs-d’œuvre de la littérature. Quand on adapte, il faut savoir rompre avec le livre. Beaucoup de gens considèrent La Fille de Ryan de David Lean comme la meilleure adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert alors que ça se passe en Irlande !

Un livre que vous rêvez d’adapter ?

La Petite Princesse de Frances Hodgson Burnett, un immense roman pour la jeunesse qui parle magnifiquement de la force de l’imaginaire. Mais si Stephen King me propose d’adapter son dernier roman, je prends !

© Michel RESTANY

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